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Dégâts d’eau et assurance : ce qu’il faut savoir

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Les dégâts d’eau sont devenus une réalité de plus en plus prégnante au Québec, impactant non seulement les finances des ménages, mais aussi leur qualité de vie. Face à l’augmentation des précipitations extrêmes et aux infrastructures vieillissantes, il est essentiel pour tout propriétaire québécois de comprendre les mécanismes d’assurance, les réflexes à adopter en cas de sinistre et les aides disponibles. Ce guide se veut un outil complet pour vous naviguer à travers les complexités des dégâts d’eau et de l’assurance habitation, vous préparant ainsi à faire face à l’imprévu.

Comprendre votre assurance face aux dégâts d’eau

Il est crucial de savoir que votre assurance habitation de base, celle que la plupart des propriétaires possèdent, ne couvre généralement pas les dégâts d’eau. Pour bénéficier d’une protection adéquate, vous devez impérativement souscrire une protection supplémentaire, communément appelée un « avenant », à ajouter à votre contrat. Cet avenant peut couvrir divers types de sinistres aquatiques, tels que le refoulement d’égout (lorsque les eaux usées ou pluviales remontent par les conduits de votre maison), l’infiltration d’eau par le sol, le sous-sol ou le toit, et, chez certains assureurs et sous conditions, le débordement d’un cours d’eau.

L’accès à cette protection supplémentaire n’est cependant pas automatique. Pour être couvert, vous devez d’abord être jugé « assurable » par votre assureur, ce qui signifie que la compagnie doit accepter de vous offrir cet avenant. Cette décision est prise en fonction d’une évaluation des risques spécifiques à votre propriété et des politiques de souscription de l’assureur. Par exemple, si votre maison est située dans une zone à risque très élevé d’inondation, l’assureur pourrait refuser de vous offrir cette couverture ou l’offrir à des conditions très restrictives. Une fois l’avenant offert, vous devez bien sûr l’accepter et payer la prime associée pour être « assuré ».

La pression sur l’assurabilité des dégâts d’eau est en constante augmentation au Québec. L’urbanisation rapide, combinée aux effets des changements climatiques qui entraînent des précipitations plus intenses et plus fréquentes, ainsi que l’inflation des coûts de construction, contribuent à l’augmentation des risques et des réclamations. Dans ce contexte, les assureurs pourraient être contraints de revoir leurs offres, potentiellement en cessant de couvrir certaines zones, en augmentant significativement leurs primes, surtout dans les secteurs vulnérables ou avec des infrastructures d’égouts déficientes. L’assurabilité des sous-sols, en particulier face aux refoulements et débordements, devient un enjeu majeur, pouvant mener à des ajustements des franchises ou des limites de couverture.

Les premiers réflexes après une inondation

En cas de dégâts d’eau, la rapidité d’action est primordiale et ne mettra jamais votre réclamation en péril. Au contraire, n’attendez pas l’arrivée de votre assureur ou d’un entrepreneur pour commencer à agir. Votre priorité immédiate doit être de protéger vos biens et de documenter l’étendue des dommages. Prenez des photos et des vidéos exhaustives de toutes les zones sinistrées et des biens affectés. Il est crucial de conserver les biens abîmés et de ne pas les jeter immédiatement, afin que l’expert en sinistres puisse les évaluer. Si possible, essayez également de documenter la cause de l’inondation, cela pourrait être utile pour votre dossier.

Une fois la documentation visuelle effectuée, il est impératif de vous débarrasser rapidement des matières poreuses qui ont été en contact avec l’eau. Le gypse, l’isolant, les tapis et certains meubles absorbent l’eau et peuvent rapidement développer des moisissures, rendant les lieux insalubres et augmentant l’étendue des dommages. N’hésitez pas à faire livrer un conteneur pour ces déchets. Parallèlement à ces actions, contactez votre assureur le plus tôt possible pour l’informer de la situation et obtenir des conseils spécifiques à votre contrat et à votre situation.

Si votre maison est équipée d’un clapet antiretour et d’un puisard avec pompe submersible, un conseil essentiel s’impose en période de fortes pluies diluviennes. Pour assurer l’efficacité maximale du clapet et éviter que les eaux du réseau municipal ne remontent dans votre domicile, évitez absolument d’utiliser l’eau dans votre maison. Cela signifie ne pas prendre de douche, ne pas tirer la chasse d’eau et ne pas faire couler les robinets. En réduisant votre consommation d’eau, vous permettez au système de fonctionner de manière optimale et de limiter les risques de refoulement.

Réclamation et aide financière : les démarches

Après un sinistre d’envergure, surtout si de nombreuses propriétés sont touchées simultanément, attendez-vous à des délais plus longs pour le traitement de votre réclamation. Les assureurs et les entrepreneurs en sinistre sont souvent débordés, particulièrement après les vacances de la construction ou lors d’événements climatiques majeurs. Ce qui prendrait normalement quelques semaines pour être réglé pourrait s’étendre sur plusieurs mois. La patience est de mise, mais n’hésitez pas à faire des suivis réguliers auprès de votre assureur pour obtenir des mises à jour sur l’avancement de votre dossier.

Si les dégâts vous contraignent à quitter votre logement, sachez que votre assurance habitation peut couvrir vos frais de subsistance supplémentaires, tels que le séjour à l’hôtel ou la location d’une unité d’entreposage, à condition que cette protection soit incluse dans votre contrat. Il est crucial de noter que le déclencheur de cette couverture est un ordre d’évacuation émis par les autorités compétentes, et non pas simplement la déclaration d’un état d’urgence. Dès qu’un ordre d’évacuation concerne votre domicile, contactez immédiatement votre assureur pour activer cette protection et connaître les modalités de remboursement.

En complément de l’assurance privée, le programme d’aide financière du ministère de la Sécurité publique (MSP) peut offrir un soutien de dernier recours. Ce programme vise principalement les sinistres non assurables, comme les inondations causées par le débordement de cours d’eau, ou les refoulements d’égouts directement liés à un tel débordement. Il est impératif de comprendre que les refoulements d’égouts résultant de précipitations extrêmes sans débordement de cours d’eau sont considérés comme assurables par le marché privé et ne sont donc pas couverts par le MSP. Le MSP indemnise pour la réparation du bâtiment et le remplacement des biens essentiels selon une liste et des montants balisés, ce qui diffère de l’assurance privée qui vise à vous ramener à l’état pré-sinistre. De plus, une limite à vie a été introduite pour l’aide financière en cas d’inondations successives dans les zones inondables, ce qui peut avoir des répercussions significatives sur la valeur et l’assurabilité des bâtiments concernés.

Naviguer à travers les défis des dégâts d’eau au Québec exige une bonne compréhension de son assurance et une réactivité exemplaire. En vous informant sur les couvertures disponibles, en agissant rapidement lors d’un sinistre et en connaissant les aides gouvernementales, vous serez mieux outillé pour protéger votre foyer et minimiser les impacts d’un tel événement. Il est toujours préférable de se préparer en amont et de vérifier régulièrement son contrat d’assurance pour s’assurer d’une protection adéquate face à ces risques croissants.

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